Roy Hargrove Quintet au New Morning le 14 mai 2012

Après avoir été à l’excellent concert de Robert Glasper (je vous en ai parlé ici), j’avais bien envie de continuer sur la lancée et la date de Roy Hargrove tomba à point nommé.

J’ai connu le travail de Roy Hargrove avec son projet RH Factor et les trois albums qui virent le jour, dont l’énorme Hard Groove et ces invités prestigieux comme Common, Erykah Badu, D’Angelo, Q-Tip et d’autres. Il explorait bien plus le Hip-Hop et la Soul qu’il l’a fait auparavant.

Cependant ce soir il venait avec son quintet, ce qui présageait un concert bien plus Jazz. Cela ne me fit pas reculer. Au contraire, son avant-dernier album Earfood recèle une pépite : la très parisienne Strasbourg St-Denis. De plus son dernier album Emergency n’était pas déplaisant non plus, enregistré avec un big band, le morceau Roy Allan est bien agréable.

Donc j’arrive devant la salle avec un léger retard. Du monde attend à l’extérieur pour acheter sa place ; ayant la mienne, j’entre directement. Dépassant le vestiaire et arrivant par le fond de la salle je vois des personnes déjà assises. « Elles ne vont rien voir assises tout derrière. Enfin chacun son truc, moi je préfère me rapprocher, pour être debout dans la fosse. ».
Cruelle désillusion lorsque je m’aperçois qu’il n’y a pas de fosse, mais encore des chaises – toutes prises – et c’est pareil à droite comme à gauche de la scène. Bon je reviens un peu en arrière, reste debout quelques instants à côté de la table de mixage avant que l’ingé son me demande gentiment de choisir une autre place. Je recule encore pour avoir la chance (que d’autres non pas eu) de trouver une chaise encore vide au fond.

Qui a eu la brillante idée de ne mettre que des places assises ? Alors oui, c’est ce qui se fait principalement dans les petits clubs de Jazz, mais ce ne sont qu’une dizaine de tables. Et puis ce soir là il y a beaucoup de trentenaires qui ont encore suffisamment de forces dans les guibolles pour supporter une soirée debout dans la fosse. Ils auraient mis des chaises sur les côtés voire tout devant et une zone debout à l’arrière, tout le monde aurait été content.

Là je me retrouve au fond, assis, ne voyant pratiquement rien de la scène, avec le néon des toilettes qui irradie à notre droite. Bref, j’ai énormément de mal à entrer dans le concert. Car l’attente a été assez courte et le groupe est arrivé à l’heure pour commencer à jouer. Que vois-je ? Tantôt une baguette, tantôt la main de Roy, tantôt un bout de saxophone, tantôt le manche de la contrebasse mais jamais le piano à queue caché à ma gauche.

Quoiqu’il en soit, le son est très bon, comme d’habitude au New Morning et les musiciens excellents mais le contraire aurait été plus qu’étonnant.

Pendant que le concert file et que le quintet nous offre du Jazz classique, plutôt doux, moi, assis et fatigué par mon week-end (le concert était un lundi, et ceux qui me connaissent, en savent long sur mon dynamisme le lundi ^^), je commence à m’assoupir sérieusement. Plus le concert avance et plus je lutte contre la lourdeur de mes paupières. Puis une chanteuse dont j’ai honteusement oublié le nom, arrive sur scène pour accompagner le groupe. Cela redonne un peu d’énergie, malheureusement elle n’est restée que le temps de deux chansons. Par la suite je finis par fermer les yeux, tout en essayant de rester concentré sur la musique jusqu’à ce que Roy Hargrove et ses compères entament le fameux Strasbourg St-Denis. Et là je me rends compte que je ne suis pas le seul amorphe dans la salle. Ce morceau très groovant réveille tout le monde, les gens acclament les musiciens, frappent des mains en rythme, la salle revit un instant.

Quelques morceaux plus tard vient une pause, le quintet doit reprendre après. Il est 23h, j’ai ni la force, ni le courage d’en voir plus.

Malgré tout Roy Hargrove reviendra en France du 18 et 20 juillet pour trois dates mais cette fois-ci avec le groupe RH Factor. Ça promet d’être plus énergique !