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Talib Kweli & Mos Def aka Yasin Bey au Bataclan (Paris) le vendredi 9 mars 2012


J’ai longtemps hésité avant de prendre ma place pour ce concert. Au début il n’y avait que Talib Kweli. Et bien que j’apprécie l’artiste, je ne suivais pas particulièrement sa discographie. C’est comme Mos Def, ce sont des rappeurs extrêmement prolifiques : neuf albums pour Talib (dont certains en collaborations), cinq pour Mos Def et un album en commun, mythique, Black Star. Tout ça sans compter les multiples featurings un peu partout dans le monde, et c’est un euphémisme. En France les premières qui me viennent à l’esprit : Mos Def avec Jazz Liberatorz pour Mountain Sunlight sur leur deuxième album Fruit Of Past. Plus récemment Talib Kweli a posé avec Sly Johnson sur Time Leak pour le premier album d’Union, Analogtronics.

Justement, par la suite je me suis aperçu qu’il invitait Mos Def qui se fait nommé Yasin Bey maintenant (pourvu qu’il ne joue pas comme Prince ou Jennifer Lopez à changer de nom tous les quatre matins). Et là ça change tout, le groupe Black Star se reforme. Ayant entendu quelques anecdotes sur le caractère lunatique de Mos Def, habitué à annuler des concerts au dernier moment ou pouvant livrer des prestations inégales ou totalement décalées, la présence de Talib Kweli à ses côtés me rassurait. Je voulais aller les voir au moins une fois. Ils font quand même parti de la scène Hip-Hop/Soul que j’adore, aux côtés des Roots, Jill Scott, Common, Erykah Badu et compères.

N.B : règle primordiale pour les néophytes de concerts : « tu ne suivras point les horaires inscrites sur ta place de concert ».

En effet, cette fois-ci il était marqué 19h, le site du Bataclan nous informait 20h, je suis arrivé à 20h40, le concert à commencé à 21h… Petite pensée à ceux qui étaient là depuis l’ouverture des portes, ça doit être pénible.

21h donc, le concert commence. Deux DJs arrivent mettent la musique puis Talib Kweli les rejoint et commence à rapper sous les applaudissements du public. Quelques morceaux plus tard, Mos Def vient comme si de rien était, tout souriant, attrape son micro et accompagne Talib.

J’ai été assez déçu de ne pas voir de musiciens. Ils auraient apporté beaucoup plus de vie, de nuances à la musique. Pendant tout le concert les DJs n’ont fait que passer les instus en cutant de temps en temps pour apporter un peu de percussion mais c’est tout. J’ose dire qu’au bout d’un moment ça devenait monotone. En même temps on pouvait se dire qu’ils perpétuaient la tradition du Rap à ses premières heures avec le couple DJ/MC.

Avant de poursuivre, je tiens à dire que j’avais des oreillettes (de type triple flange) qui ont pu modifier le son que j’entendais mais si d’autres personnes peuvent confirmer ce que je vais dire alors le son du live était affreux ! Que des basses grasses, gluantes, envahissantes. On arrivait à peine à entendre la mélodie ! Je trouve cela intolérable, déjà pour le prix du concert qui n’était pas donné. Mais surtout, qu’il n’y avait que deux platines et deux micros à sonoriser, oh tâche extrêmement fastidieuse !!!

 

Quoiqu’il en soit, Talib Kweli et Mos Def ont donné le meilleur, leur prestation était pleine d’énergie, le flow toujours aussi acéré pour Talib, toujours aussi mélodique pour Mos. Ils sont fait pour rapper ensemble, ils se complètent parfaitement, une vraie symbiose. On voit qu’ils ont souvent tourné ensemble, ils savent où l’autre se trouve et comment il va rapper, pas besoin de se regarder. Ils se répondent mutuellement sans effort. Je suis sûr qu’ils n’ont quasiment pas besoin de répéter, ça doit être si naturel.

Ils ont fait un hommage à Gil Scott Heron en passant une de ces chansons. Émouvant de voir Mos Def de dos, la tête dans les mains, apparemment touché. Il avait samplé et avait posé sur un morceau du maître.

Petite anecdote pendant le concert, Talib Kweli qui était souvent au bord de la scène à taper dans les mains des spectateurs du premier rang, s’arrête net pour fondre sur un spectateur et le pousser sévèrement. Le DJ stoppe le son tandis que Talib Kweli explique à cette personne qu’il ne faut jamais, jamais toucher une fille. Je suppose que le grossier personnage, voulant à tout prix toucher la main de Talib a bousculé la fille sans ménagement. Petit froid dans le public puis applaudissements lors de l’explication. Mos Def reprend les choses en main et réchauffe l’ambiance dans un petit flow en rappelant à tout le monde que nous sommes là pour le Hip-Hop « peace, love, unity and having fun ». Les DJs relancent l’instru, les Black Star finissent le morceau et tout revient dans l’ordre. On apprécie la morale de l’homme et l’expérience de l’artiste. On imagine aussi aisément qu’ils ont dû faire des concerts dans des endroits un peu plus agités. Quelques minutes plus tard, Talib revient vers l’enfant grondé pour une poignée de main amicale cette fois, façon de dire « aller on oublie, mais que je ne t’y reprenne plus ».

Autre petite surprise, la présence rapide de Posdnuos, MC de De La Soul, venu posé rapidement sur Stakes Is High.

Bref un concert de Hip-Hop, de l’authentique, par des pointures ; malheureusement pas suffisamment mis en valeur.

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