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D’Angelo au Zénith de Paris le 29 janvier 2012


D’Angelo,
En deux albums, Brown Sugar (1995) et Voodoo (2000) il a révolutionné un genre, rien de moins. Principalement grâce à ce monsieur et Erykah Badu nous sommes passé de la Soul à la Nu-Soul. Ils ont su moderniser cette musique, la mélanger à des rythmes Hip-Hop sans pour autant dénaturer ses racines (de suite on oublia bien vite le New Jack Swing). Il a fait avancer la musique et comme Jay Dee pour le Hip-Hop, nous pouvons encore entendre ses influences sur les dernières sorties des jeunes artistes.

Par contre depuis 2000 plus rien. Rien de concret, rien que de fausses compilations de morceaux déjà écoutés, des rumeurs d’albums qui ne sont jamais sortis, des photos de lui avec quelques kilos en trop, des affaires de drogues, des accidents de voiture, des annonces de retour de collaborateurs non suivis de faits, pire, des concerts annulés au dernier moment… bref, des paroles, toujours des paroles.

Au bout d’un moment ça lasse, D’Angelo, on en parlait au passé aux côtés de Jay Dee, Marvin Gaye, James Brown, Barry White, Micheal Jackson… On tentait de se faire à l’idée, et dès qu’un jeune talent apparaissait, on le surnommait le nouveau D’Angelo, pour combler la frustration.

Puis, à l’instar des Djinns de Victor Hugo, un souffle, un murmure, un bruit croissant arriva, se baladait de bouche à oreille. Son retour ? Non une rumeur comme toutes les autres.
Puis une date. Le Paradisio d’Amsterdam le 30 janvier « M’ouais ça va être démenti dans peu de temps ».
Puis une tournée Européenne :

  • Le 26 janvier à Copenhague au Store Vega
  • Le 27 janvier à Stockholm au Filadelfia Kyrkan
  • Le 29 janvier à Paris au Zénith
  • Le 30 janvier à Amsterdam au Paradisio
  • Le 31 janvier à Amsterdam au Paradisio
  • Le 3 février  à Londres à la Brixton Academy

PARIS ! D’ANGELO À PARIS !!! IRRÉEL, IMPENSABLE.

Enfin…
« Ah oui, des personnes sont là pour organiser une tournée, quand même… Non mais restez lucide, ne vous faites pas berner une énième fois. Ce n’est pas possible. »
« Et puis dans quel état est-il ? Ça ne sert à rien d’y aller pour voir une loque tenir à peine sur ses jambes à moitié droguée. »
« Il revient juste pour l’argent. »
« Trop cher pour quelqu’un qu’on ne connaît plus. »
« Il n’a rien sortie de nouveau, j’attends de voir un album avant d’aller le voir en concert. »
« Moi je l’ai vu en concert en 2000, c’était énorme, je garde ce souvenir, je ne veux pas être déçu maintenant. »
« Le Zénith, un son de merde, je ne me déplace pas là-bas. »
« Pas de section cuivre ? Ça ne sera pas Funky, trop Rock… très peu pour moi. »

Non, je balaye tout ça d’un revers de main, peu importe, je préfère être déçu avec un concert annulé ou pire, une prestation déplorable que de rater la résurrection d’une légende. J’achète ma place et j’allume un cierge.

Cependant ne vous méprenez pas, la plupart ont acheté leur place. Simplement chacun essayait de résister à sa façon pour ne pas devenir hystérique. L’amour a ses raisons que la Raison ignore.

Au fil du temps les infos filtraient, ?uestlove qui faisait monter la sauce par de petite déclarations, l’album en préparation pour courant 2012, le line-up, les news de D en Europe et enfin les premières photos et vidéos des lives de Copenhague et de Stockholm.

Ahurissant, on voit D’ en pleine forme et le groupe derrière lui qui assurait sur des morceaux qu’on a pas entendu depuis belle lurette en live. Putain on va vivre ça ?!?!

  • D’Angelo – chant, clavier, guitare
  • Jef Lee Johnson – guitare solo
  • Isaiah Sharkey – guitare
  • Ray Angry – clavier
  • Pino Palladino – guitare basse
  • Chris “Daddy” Dave – batterie
  • Robert Lumzy – percussions, chant
  • Kendra Foster – chant
  • Jermaine Holmes – chant
  • Charles “Red” Middleton – chant

Dimanche 29 janvier 2012, 19h, soirée grisâtre, froidure humide. Sur le parvis de la Cité de la Musique les ombres emmitouflées se dirigent vers le Zénith. Je m’engouffre dans l’antre assez rapidement pour arriver dans la fosse à une dizaine de mètre de la scène. De suite la première partie commence. C’est Jean Grae, que je n’avais jamais écouté auparavant donc aucun a priori. Elle arrive, une demie face fardée de blanc et noir et une robe blanche et noire également un peu gothique non sans rappeler les ambiances de Tim Burton. Son claviériste est maquillé en squelette, le DJ a un T-shirt tâché de rouge et la choriste reste… naturelle. Déroutant car les déguisements n’apportent rien au show, ce n’est pas en rapport avec la Jean Grae du comics X-Men ni en référence à ses origines sud-africaines et elle ne développe pas d’univers tournant autour de ça comme peut le faire Janelle Monae. Par contre Jean Grae suit nettement son sillage. Pour ce qui est de la musique, c’est rudement bien. Elle alterne entre un Hip-Hop classique et efficace et des morceaux plus doux, belle petite surprise. En trois quarts d’heure elle a réussi à chauffer la salle. Efforts anéantis par l’attente qui suivi. Tout d’abord pendant que les techniciens préparent la scène nous avons droit à des bandes annonces de films sur grand écran ?!?! Je vais peut-être passer pour un puriste mais pour moi ça n’a rien à faire lors d’un concert. Alors oui c’est peut-être une rente supplémentaire pour la société d’exploitation de la salle mais il y a des limites (sauf si c’est pour améliorer l’acoustique mais je vais y revenir).

Puis nous attendons presque une heure avec pour bande son de la House, pas mauvaise mais pas à sa place. Quelques sifflets du public impatient puis enfin, la lumière s’éteint.

Le groupe, The Testimony entre en scène, furie des spectateurs. La musique commence doucement mais sûrement, Playa Playa. C’est bon on tient notre concert ! Pourtant la scène reste dans la pénombre, nous entendons sa voix mais où est-il ? On devient parano, c’est une voix enregistrée, il n’est pas là en fait ! Non juste qu’il nous laisse languir encore un peu. Qu’est-ce que quelques minutes par rapport à 12 ans ?

La chanson se termine, une autre commence, Feel Like Making Love. Et là, juste devant nous, un fantôme. Une personne qu’on a espéré tellement longtemps. Le revoici sur scène, en chair et en os. Prendre conscience de ça est déjà tellement fort.

Mais comment est-il ? En forme, peu de kilos superflus. Il a un pantalon noir, une veste en cuir noire, un chapeau piqué à Crocodile Dundee et une guitare au design gothique… depuis tout ce temps l’eau a coulé sous les ponts. Par contre le morceau est toujours aussi suave, on trouve aussi quelques intonations à la Sly Stone et des riffs de guitare Princesque.

Ils enchaînent avec la première des nouvelles chansons présentées, Ain’t That Easy. De la Soul-Rock sympathique au tempo médium. Mais déjà, par moment les guitares saturent, le son global résonne de trop dans la salle, c’est un amas de bruit sans précision. Du gâchis vu le talent des musiciens qui sont sur scène. À mon avis tous sont fautifs, la salle par sa géométrie, les réglages de l’ingé son, les balances bâclées.

Nous continuons avec le combo Devil’s Pie bien pêchu et un Chicken Grease merveilleusement Soul, une guitare entêtante, une basse chaleureuse. J’avais déjà mon concert après ça.

Petite pause. Et voici que D’ passe au clavier pour notre plus grand bonheur et pour un The Roots tout doux. Il reprend la guitare et ils nous jouent un autre titre inconnu, The Charade, une balade Soul/Folk très agréable puis I’ve Been Watching You (Move Your Sexy Body) plus lent et plus bluesy sur lequel D’Angelo effectue un solo de guitare bien senti mais quelques notes passent mal. Non ce n’est pas encore le prodige que ?ustlove nous vendait.

Après avoir joué le lover au micro faisant craquer toutes les filles dans la salle (bon aller c’est cadeau) vient une longue version de Shit, Damn, Motherfucker qui commence slowdown pour finir avec un solo de Jef Lee Johnson malheureusement interminable, trop psychédélique et totalement déconnecté du morceau. Il a perdu tout le Zénith en route. Pour sa défense il a dû remplacer Jesse Johnson au pied levé.

Pendant que tous les autres reprennent des forces en loge, Chris Daddy Dave et Pino Palladino, qui ne fut pas suffisamment mis en valeur selon beaucoup de monde, nous offrent une masterclass Drum & Bass. La dextérité et la musicalité des deux bonhommes n’est plus à démontrer, ils assurent grave !

Court temps mort. Nous voyons un piano électrique (Yamaha CP70B) surélevé au fond de la scène s’avancer vers nous puis D’Angelo revient seul, se place derrière les touches blanches et noires et commence un medley, que dis-je, un déluge : Jonz in my Bonz, The Roots, One Mo’ Gin, Me & Those Dreamin’, Cruisin’, Spanish Joint, Higher, Untitled (How Does it Feel). C’est bien là qu’il est le meilleur, on est pas loin de l’orgasme. D’ailleurs il y a quelques malaises dans la fosse… :-/

Retour du groupe pour nous jouer un morceau bien Soul et sucré, Another Life. Puis vient le hit de toutes les nouveautés, Sugar Daddy, une bombe groovy qui a conquis tout le monde.

Pour le rappel D’Angelo nous interprète une reprise de Space Oddity de David Bowie. Surprenant d’aller chercher un titre comme ça, assez sombre. En même temps cela montre l’amplitude des influences de D’. Et pour finir nous nous trémoussons sur un Brown Sugar survitaminé, « James Brownisé », une tuerie.

Le Zénith n’était clairement pas la meilleure salle pour ce retour, et le travaille ne fut pas fait pour obtenir un son correct. C’est dommage surtout que ça a principalement défavorisé les morceaux avec beaucoup d’intensité dont la plupart des nouveautés, ce qui a refroidi le public et n’a pas rassuré D’Angelo.

Il y avait tant d’attente que beaucoup furent presque déçus et gardèrent un sentiment mitigé. Il aurait pu nous offrir ce concert cinq ans plus tôt, ça aurait peut-être atténué l’énorme demande.

Cependant D’ nous a montré qu’il reste un véritable artiste, il aime la musique. Ça aurait été facile de faire du réchauffé, ne pas se casser la tête et juste rejouer ses morceaux en version album (une bonne partie du public n’attendait que ça, à tort je pense). Mais non il a travaillé davantage pour proposer autre chose, des réarrangements et des nouveaux titres. Le temps a passé, l’homme a vieilli, l’artiste a évolué. Il faut l’accepter, et même être satisfait qu’il aille de l’avant.

Pour ma part ce fut un excellent concert, juste le fait d’avoir vécu la renaissance d’un artiste de ce talent est quelques chose d’énorme. Pas dégoûté par les nouveaux morceaux je suis plutôt très curieux de ce qu’ils peuvent donner en studio, je pense qu’on aura de belles surprises. J’attends donc l’album avec impatience en espérant qu’on assiste à l’aube d’une seconde carrière pour D’Angelo.

Setlist :

  • Playa Playa
  • Feel Like Makin Love
  • Ain’t That Easy
  • Devil’s Pie
  • Chicken Grease
  • The Line Intro/The Root
  • The Charade
  • I’ve Been Watching You (Move Your Sexy Body)
  • Shit, Damn, Motherfucker/Bass+Drum solo
  • Solo Medley : Jonz in my Bonz, The Root, One Mo’ Gin, Me & Those Dreamin’, Cruisin, Spanish Joint, Higher, Untitled (How Does it Feel)
  • Another Life
  • Sugar Daddy
  • Space Oddity
  • Brown Sugar

Et pour tous les courageux qui ont lu mon article jusqu’au bout voici un « petit » cadeau. Enjoy !

Commentaires (8)

  1. Sally

    Je vais pas beaucoup différer des commentaires précédents. Ta review est excellente tant sur le fond que sur la forme. Ça correspond beaucoup à comment j’ai vécu ce concert avec tous les bons points et les moins bons.
    J’adore comment tu décris les objections de ceux qui étaient très sceptiques et qui ont fini par acheter leur place quand même. Lol. C’est trop vrai! Et je me suis reconnue aussi dans les filles qui ont succombé à la séquence lover :))))))
    Et merci pour le cadeau 😉

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  2. kemistry

    Joli review du concert , félicitations… J’ai moi aussi adoré ce concert et effectivement le son n’était pas à la hauteur du bonhomme sur certains morceaux !! Son medley de 20 mns, son chicken grease , son brown sugar de 10 mns princisé et jamesbrownisé comme tu dis , son another life , son sugar daddy auraient suffi à mon bonheur mais j’a adoré aussi tout le reste .. he’s back !! vivement l’album
    PS : je clavier était Ray Angry des Roots (il a remplacé au dernier moment Pookie) , tout comme Jef Lee a remplacé Jesse Johnson (à Amsterdam hier ils ont pu profité de JJ revenu sur la tournée du D … la haine !!!)

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  3. Mo' Sound

    @Sally : Ravi que l’article te plaise. 😉

    @kemistry : Merci pour la rectification concernant Ray Angry. C’est clair, 2012 est son année, plus que l’album et la tournée internationale. \o/
    Faudra aussi que je prenne le temps un jour de refaire à un Jus’meet 😉

    @tous : N’hésitez pas à revenir sur Nessradio pour lire les autres articles, news et surtout écoutez la webradios avec playlists de DJs et émissions spéciales. Peace.

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  4. Ol

    Tres bon article !
    De la nuance sans tiedeur, de la critique sans cynisme. Bravo pour l’equilibre.
    Je suis du meme avis que toi sur le concert, c’etait irreel de voir le bonhomme en chair et en os.
    Je deplore aussi le son bas de gamme (surement du majoritairement a l’architecture elle meme de cett « salle » ou plutot de ce chapiteau low cost), et les erreurs grossieres (?) des gars du son (la basse frequence qui a ruiné « the charade » et qui a failli me casser la cage thoracique n’a apparemment pas derange l’inge son plus que ca..)
    Bravo aux zicos et a D’angelo pour ce melange d’ancien et de nouveau qu’il a su imbriquer dans un concert finalllement assez homogene. Il aurait pu faire encore mieux (?) mais il aurait pu surtout faire bien pire, sois en se pointant comme un junky, ou en reservant son show de 2000 rechauffé au microondes. La, oui, on aurait legitimement etre decu.
    On a assisté au retour de quelqu’un qui maitrise la musique dans ses aspects composition, intrumental, vocal, perfomance absoluement comme il respire (cf l’impression de facilité totale et de bonheur authentique pendant le medley au piano).
    Enfin, chose rare aujourdhui, il n’a pas senti le besoin d’incorporer tout le decorum « vieille soul de l’oncle steevie » (j’a-dore SW) vestimentaire et musicale (berrets et tambourins) dont tout le monde se sent obligé de s’affubler en ce moment pour se legitimiser..
    Non, juste l’instant, l’intuition, l’emotion.
    Donc moi je lui dis bravo et merci. Et je pense que la bonne musique soul (=le cri de l’ame) lui dit merci aussi….
    😉

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