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Esperanza Spalding à l’Apollo Theater (New York) le vendredi 26 octobre 2012


Le hasard est parfois étrangement bien fait. Je voulais voir Esperanza Spalding à Paris (La Cigale) le 23 mai dernier. Or m’étant pris trop tard, il n’y avait déjà plus de place. Le temps passa et une occasion de séjour à New York se présenta. Il fallait bien y faire un concert. Une date d’Esperanza Spalding à l’Apollo Theater tomba à point nommé.

Vendredi soir, je sors de la bouche de métro et parcours la 125th St. pour rejoindre la salle de concert. Je traverse le carrefour qui croise l’avenue Leenox. Pensée pour Gil Scott-Heron et son premier album Small Talk at 125th & Lenox. Certes le lieu a dû bien changé depuis, mais ça a commencé ici… Je continue de marcher dans Harlem jusqu’à l’enseigne lumineuse rouge qui annonce l’entrée de la salle mythique. Temple de la Black Music new-yorkaise avec ses soirées Amateur Night Show, tremplin pour les nouveaux chanteurs et musiciens. Que d’artistes ont pris leur envol ici : Ella Fitzgerald, Billie Holiday, Aretha Franklin, Marvin Gaye, Stevie Wonder, The Supreme, The Jackson Five, James Brown jusqu’à Lauryn Hill. Que de soirées mémorable vouées au Jazz, au Blues, à la Soul, au Funk, au Hip Hop où toutes les pointures y sont passées. Bref le lieu est chargé de souvenirs.

Pas ou si peu de queue à l’entrée, la salle est déjà bien emplie. La ponctualité des américains est bien plus développée que la notre. Une personne nous place en mezzanine un peu sur la gauche. Toutes les places sont assises, pas de fosses… pourquoi pas (en fin de compte le choix n’était pas choquant). Je peux admirer la salle faite de dorures et les rangées de sièges en tissu rouge qui montent abruptement. La ressemblance avec l’Olympia est frappante.

Pas de première partie, le concert commence rapidement. Les musiciens se mettent déjà en place à savoir un batteur, un clavieriste, un guitariste, un choriste et une section cuivre. Que dis-je, une SECTION cuivre, pas moins de six personnes, deux trompettistes, deux trombonistes et deux saxophonistes qui sont placés à droite de la scène derrière un décor leur arrivant à mi-hauteur où est dessinée une radio, en référence au titre de son album Radio Music Society. D’ailleurs le début du concert est plutôt sympathique. Entre le bruitage qu’émet une radio cherchant une station, le groupe joue quelques standards de musique populaire tous genres confondus, ça permet de mettre de l’ambiance. Puis ils commencent à jouer le premier morceau lorsque la belle arrive en robe longue, talons hauts et guitare basse ; je suis sous le charme. Le concert commence véritablement et les morceaux se succèdent. Ils sont retravaillés dans un registre Jazz, tous sont déconstruis méticuleusement. Esperanza Spalding use beaucoup de scat, jonglant entre guitare basse et contrebasse et laisse une grande part aux solos des cuivres, chaqu’un son tour. C’est une musique de haute volée, jouée par de grands musiciens. Cependant je pensais que ça allait être un peu plus pêchu. Il manque un peu de simplicité et de groove (oserais-je binaire). Seul le morceau Black Gold garde une approche plus facile. Mais qu’on se rassure, je savoure la qualité de chaque musicien, dans une salle impeccablement sonorisée, ainsi que les rythmes délicieusement travaillés. Et de voir une personne gérer aussi bien la basse et la voix en même temps reste une incroyable prouesse tant chaque partie n’est pas juste un accompagnement facilement exécutable mais une partition complexe qui demanderait une attention totale à la majorité d’entre nous.

En fin de concert, le public ravi se lève pour demander un rappel, qu’Esperanza Spalding satisfait, seule à la contrebasse et au micro. Magique.

Je sors en ayant la satisfaction d’avoir fait un concert à New York, dans l’Apollo Theater, devant une grande musicienne, au milieu d’un public connaisseur et chaleureux.

 

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